L'APPARENCE DE LA FEMME OU L'ART D'ÊTRE BELLE...

Publié le par pauzin

QUAND JE TE VOIS PASSER Ô MA CHÈRE INDOLANTE
Au chant des instruments qui se brise au plafond
Suspendant ton allure  harmonieuse et lente,
Et promenant l'ennui de ton regard profond

QUAND JE CONTEMPLE,AUX FEUX DU GAZ QUI LE COLORE
Ton front pâle.embelli par un morbide attrait,
Où les torches du soir allument une aurore,
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,

jE ME DIS :QU'ELLE EST BELLE ! ..ET BIZAREMMENT FRAÎCHE
Le souvenir massif ,royale et lourde tour
La couronne et son coeur meurtri comme une pêche
Est mûr comme son corps,pour le savant amour.

ES-TU LE FRUIT D'AUTOMNE AUX SAVEURS SOUVERAINES ?
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,
Parfum qui fait rêver aux oasis  lointaines.
Oreiller caressant,ou corbeille de fleurs ?

JE SAIS QU'IL EST DES YEUX ,DES PLUS MÉLANCOLIQUES,
Qui ne recèlent point de secrets précieux,
Beaux écrins sans joyaux,médaillons sans reliques
Plus vides,plus profonds que vous-mêmes,ô Cieux !

MAIS NE SUFFIT-IL PAS QUE TU SOIS L'APPARENCE,
Pour réjouir la bêtise ou ton indifférence ?
Masque ou décor,salut ! J'adore ta beauté.

                                      Baudelaire
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